LE RONRONNEMENT
Les chatons ont le ronronnement facile et inné : dès l'âge de 2 jours, ils émettent ce bruit en têtant leur mère, laquelle leur répond par un ronronnement continu, signe de détente et de bonne disposition de sa part.
Le ronronnement est avant tout un comportement infantile, pas seulement parce qu'il est émis fréquemment par le chaton, mais parce qu'il est fondamentalement destiné à la mère, précise le professeur B. Denis de l'école nationale vétérinaire de Nantes. Un comportement que le chat adulte gardera plus tard à l'égard de l'homme qui, pour lui, est une sorte de "super mère".
En offrant un abri, le couvert et sa protection à l'animal, le maître prendra en effet la relève de la mère chatte. Les chatons ne ronronnent pas tous avec la même conviction au sein d'une portée : les uns sont plus ronronneurs que d'autres, particularité que l'on retrouve chez les adultes.
Certains chats, pourtant très familiers, ne ronronnent pratiquement pas. Minet ronronne dans des circonstances bien définies : quand par exemple vous sortez sa boite de croquettes favorite. Pourtant "aucun stimulus externe ne provoque immanquablement le ronronnement de l'animal si celui-ci n'est pas disposé à l'émettre".
Le chat a toutefois besoin d'une présence familière pour ronronner : au moment de la préparation de son repas, quand il mange, au moment du toilettage. Excepté quand il est assoupi, l'animal qui ronronne témoigne la plupart du temps d'un intense besoin de contact et d'une certaine excitation.
Sous les caresses, contact privilégié, le chat change d'attitude : il fait le gros dos, dresse sa queue, bouge alternativement ses pattes de devant, cogne et frotte sa tête contre la main de l'homme; un comportement superposable à celui que l'on peut observer chez le chaton.
Pourquoi le chat ronronne-t-il aussi chez le vétérinaire ? Quand il est malade, blessé, souffre et aussi à l'heure de sa mort ? Il exprime ainsi son état d'infériorité et d'hyperexcitabilité, sa dépendance vis-à-vis de l'homme, une certaine inquiétude, le besoin que l'on s'occupe de lui, acceptant ainsi une fois de plus d'être protégé par cette SUPER-MERE à deux pattes que la domestication lui a donnée.
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Chronique de M. WINCKLER sur France-Inter, octobre 2002 :
Quand on pose une question, il faut s'exposer à ce que la réponse soit : on ne sait pas.
En ce qui concerne les ronronnements du chat, c'est le cas. Car mine de rien, il n'est pas facile d'identifier un bruit aussi mystérieux que le ronronnement félin. On en est encore à formuler des hypothèses. La plus répandue voudrait que le ronronnement soit dû à la contraction très rapide des muscles du larynx et du diaphragme. Ces contractions feraient vibrer les cordes vocales. Une autre hypothèse serait que deux membranes situées derrière les cordes vocales serviraient d'organes vibratoires. Une troisième hypothèse fait intervenir la circulation sanguine : la veine cave, un gros vaisseau qui ramène le sang jusqu'au coeur vibrerait et sa vibration serait amplifiée par les cavités respiratoires : bronches, trachée et cavités des sinus.
Si on ne sait pas comment, on sait à peu près pourquoi les chats ronronnent. Les chatons le font dès l'âge de 2 jours, en têtant leur mère, et pendant la toilette. Leur mère répond par un ronronnement continu, qui indique qu'elle est détendue et bien disposée à leur égard. De sorte que le ronronnement est à la fois un signe de bien-être (de la part du chaton), un signe sécurisant (de la part de la mère), et une manifestation de plaisir mutuel et réciproque.
Le ronronnement peut également traduire un stress ou une émotion intense. L'émotion en question est habituellement agréable, mais pas toujours : certains chats ronronnent lorsqu'ils sont blessés, qu'ils donnent naissance à leurs petits et même alors qu'ils sont à l'article de la mort ! Selon les chercheurs, le mécanisme du ronronnement produirait des endorphines, une substance calmante de l'organisme, ce qui expliquerait pourquoi les chats ronronnent même lorsqu'ils souffrent.
Mais le ronronnement est surtout un mode de communication entre félins, car les chats et les chattes ronronnent lorsqu'ils approchent un chat qu'ils considèrent comme dominant. Mais c'est aussi un mode de communication vis-à-vis de l'homme, et il témoigne de la dépendance de l'animal. De même que le chaton demandait à sa mère de s'occuper de lui : de même, devenu adulte il exprime auprès de l'homme en ronronnant le besoin de nourriture, d'affection ou de soins.
La meilleure preuve c'est que le chat attire les caresses par son ronronnement et répond aux caresses par le même ronronnement. Cela dit, tous les chats ne ronronnent pas. Il y a de gros ronronneurs et de petits ronronneurs.
Ce qui est plus étrange, c'est que le ronronnement du chat semble également bénéfique aux humains. Même s'il existe des allergies aux chats, on sait que les enfants souffrant de certaines maladies chroniques (rhumatismales ou cardiaques, en particulier) vont mieux lorsqu'ils ont un chat. Aux États-Unis, les détenus d'une prison ont été autorisés à accueillir et adopter les chats errants autour du pénitencier. Ils sont devenus un lien positif entre le monde carcéral et l'extérieur, ont redonné goût à la vie à ceux qui étaient à la limite de la dépression. Au canada, on a étudié aussi la possibilité d'admettre les chats en hôpital gériatrique et on a constaté que l'activité physique, l'humeur et les relations entre les personnes âgées, les autres patients et le personnel s'amélioraient.
De nombreuses espèces, y compris les guépards et les lions, ronronnent également lorsqu’ils sont anxieux ou blessés. Des chercheurs estiment et supposent que ce doux murmure pourrait avoir une fonction précise : soigner les fractures et fortifier les os. Dans une étude encore non publiée, réalisée par l’Institut de recherches sur les communications des animaux sauvages, des chercheurs ont mis en évidence la fréquence sur laquelle la plupart des chats ronronnent. Elle se situe entre 27 et 44 hertz pour les chats domestiques. Cette fréquence correspond à celle qui semble aider les humains à la croissance et à la fortification de la masse osseuse. Si elle s’avère exacte, et si elle est vérifiée, cette découverte pourrait expliquer l’extraordinaire capacité qu’ont les chats à se remettre après des accidents et des blessures.
*Merci à Alain pour sa participation à cet article.*
Oui c'est bien ce papa-là ; c'est lui qui à l'époque avait complété mon article ; il me semblait normal que je ne me l'attribue pas uniquement ;-)
Tendresse à toi et à tes trois mousquetaires.