Je vous propose aujourd'hui le premier article sur les maladies, malheureusement nombreuses, dont sont victimes les chats.
Je commence par la plus "lourde" à vivre et à gérer, pour l'animal et sa famille bipède.
Nous allons donc tenter de la comprendre pour apporter la meilleure aide possible au chat infecté.
L'article, certes un peu long, est sous forme de questions-réponses pour en faciliter l'assimilation.
Merci au Dr S. Kéroack et M. Desnoyers.
Cette maladie frappant beaucoup de chats, vous avez peut-être déjà eu au cours de votre vie un animal qui en est mort ; ou autour de vous des chats atteints. Puisse cet article vous soutenir.
N'hésitez pas à laisser un commentaire, en témoignage ou en hommage...
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LE SIDA DES CHATS
Qu'est-ce que le virus de l'immunodéficience féline -FIV- ?
Le virus d'immunodéficience féline (FIV) a été isolé en 1986 en Californie. C'est un lentivirus de la famille des rétrovirus et est similaire au virus de l'immunodéficience humaine (SIDA) et
l'anémie infectieuse des chevaux. Il infecte autant les chats domestiques que certains félidés sauvages, selon la souche virale.
L'incidence du virus varie selon l'emplacement géographique mais aussi selon le sexe, l'âge et les conditions de vie de l'animal. En Amérique du Nord, entre 1% et 5% de la population totale est
potentiellement infecté. Par contre dans une population à risque comme les chats errants, le taux d'infection atteint 9% à 15%.
Transmission
Le virus se retrouvant dans la salive, la transmission directe se fait par morsure. Les chats mâles, errants et agressifs, sont le plus souvent infectés. Le contact sexuel est peu probable dans
la transmission de ce virus (contrairement au sida humain). Certains pensent que le virus pourrait aussi se transmettre par des contacts prolongés avec un animal infecté. Il est aussi prouvé
qu'une chatte peut transmettre le virus à ses petits. Souvent ces derniers sont morts-nés ou très faibles et de poids inférieur à la moyenne.
Signes cliniques
Stade 1 :
Le stade primaire se manifeste par des symptômes vagues de maladie, tels fièvre, anorexie partielle, dépression, diarrhée, etc.... les symptômes vont de quelques jours à plusieurs semaines avant
de disparaître complètement. Les ganglions peuvent enfler sur un période transitoire. Les animaux sont rarement amenés chez le vétérinaire à ce stade.
Stade 2 :
L'animal infecté ne présente plus aucun signe clinique à ce stade, mais devient un porteur asymptomatique. Cette période peut durer de quelques mois à quelques années. Le porteur asymptomatique
excrète le virus et est donc contagieux pour les autres chats. À ce stade le test sanguin est positif. L'animal séropositif, même s'il est en santé depuis plusieurs années, évoluera
invariablement vers un stade clinique plus avancé.
Stade 3 :
Après une période asymptomatique, plus ou moins longue, le chat infecté développera un lymphadénopathie progressive et définitive, ainsi que des signes vagues et intermittents de maladie. Il peut
encore se passer des années avant que la maladie ne progresse de nouveau.
Stade 4 :
Ce stade peut ressembler à une période pré-sida, où le chat infecté souffre de conditions liées à son immunodéficience. L'animal démontre alors des signes systémiques, des infections secondaires
en un ou plusieurs sites corporels et une perte de poids n'excédant toutefois pas 20%. On y retrouve des affections de la cavité buccale, des infections des voies respiratoires supérieures ou
inférieures, de la diarrhée, des infections urinaires ou des atteintes dermatologiques comme des abcès ou des otites. Plus rarement à ce stade, les chats vont présenter des signes de maladie
intra-oculaire, rénale, neurologique, immunologique ou néoplasique.
Stade 5 :
Moins de 10% des chats infectés évoluent vers ce stade clinique équivalent au sida humain. Les principaux symptômes sont une perte de poids supérieur à 20% et des infections opportunistes dues à
l'immunodéficience sévère à ce stade. Des parasites (toxoplasma, hémobartonella, candida) des bactéries (streptococcus), mycobactéries (mycobacterium tuberculosis), ou des virus (calicivirus,
poxvirus) peuvent être en cause. La majorité des chats à ce stade sont anémiques et survivront entre zéro à six mois.
Stade 6 :
Les autres désordres cliniques associés à l'infection par le FIV, sont regroupées au stade 6. D'abord il y a une incidence accrue de certains types de tumeurs dont le lymphosarcome, les tumeurs
de la moelle osseuse et les carcinomes. On rapporte qu'un animal infecté par le FIV a 5,6 fois plus de chances de développer un lymphosarcome qu'un chat sain. 5% des chats infectés et
symptomatiques ont des anomalies neurologiques évidentes, comme des changements de comportement, des convulsions ou encore des déficits périphériques.. Des conditions oculaires et rénales sont
aussi rapportées, mais il y a peu de preuve à l'appui pour incriminer le FIV comme agent causal unique. Enfin des désordres tels anémie, thrombocytopénie et polyarthrite semblent être associés à
l'infection par le FIV.
Diagnostic
Pour l'instant un individu séropositif est présumé virémique. De plus on considère qu'un animal infecté le demeurera de façon permanente, puisqu'il semble ne jamais pouvoir surmonter
l'infection.
Le test de laboratoire utilisé est l'ELISA. C'est un test sérologique très sensible et il peut en résulter de 2 à 20 % de taux positif. Il est donc conseillé de toujours confirmer un résultat
positif par d'autres tests (immunodéficience indirecte) qui sont plus spécifiques ou de retester plus tard avec l'ELISA.
Des chatons avec un test positif seront aussi retestés 6 à 8 semaines plus tard pour confirmation car la mère peut transmettre des anticorps à ses bébés ; une petite partie seulement des chatons
deviendront séropositifs vrais.
Que faire si mon chat est infecté?
Une chose importante est de protéger votre animal de l'exposition aux agents infectieux, qui peuvent causer des maladies sévères chez l'animal séropositif. Garder votre chat à la maison, et
protégez-le des autres chats (aussi pour empêcher l'infection d'animaux sains).
L'utilisation de médicaments antimicrobiens peut contrôler les infections et doit être continuée pour de longues périodes, malgré un succès modéré. Des soins de support peuvent être requis tels,
fluides intra-veineux, transfusions sanguines, et suppléments nutritifs. L'utilisation d'anti-inflammatoires peuvent contrôler les gingivites et stomatites. Les stéroïdes anabolisants peuvent
aider à combattre la perte de poids.
Il faut garder à l'esprit que ces mesures ne combattent pas le FIV lui-même. Le médicament AZT utilisé chez les sidéens, peut aussi être utilisé dans le FIV. Mais ce médicament est dispendieux et
difficile à obtenir ; ses effets secondaires sont aussi plus grands chez le chat que chez l'humain. Des médicaments sont présentement à l'étude mais ces médicaments visent plutôt à la diminution
du virus et non à son éradication complète.
Il est impossible de prédire la longévité d'un chat infecté.
Dans des conditions idéales, en isolant l'animal infecté des autres chats, plusieurs chats paraîtront en bonne santé pour quelques mois à quelques années après l'infection initiale. Si votre chat
a déjà eu une maladie sévère, ou si la fièvre est persistante et une perte de poids présente, il est à prévoir que cet animal vivra moins longtemps.
Si mon animal meurt puis-je avoir un autre chat ?
Le virus de l'immunodéficience féline est plutôt instable et ne survivra pas plus de quelques heures dans un environnement extérieur. Par contre la transmission directe (morsures) étant la
principale source d'infection, une période d'attente pour l'achat d'un autre chat n'est pas requise. Par précaution il vaut mieux laver et désinfecter ou remplacer les bols de nourriture et
d'eau, la litière, les jouets et la couchette. Le désinfectant utilisé sera 4 oz d'eau de javel par gallon d'eau. Laver aussi les planchers et les tapis. Il est aussi important de faire vacciner
le nouveau chaton.
Comment puis-je prévenir le FIV sur mon nouveau chaton ?
Il n'y a pas encore de vaccin sur le marché. Il faut protéger votre chat des autres chats infectés. Si le chat vit à l'intérieur de la maison et n'a pas contact avec des chats errants il y a peu
de chance qu'il attrape le FIV.
Les chatteries sont plus à risque ; les chats devraient être testés et tous les chats positifs enlevés.
Puis-je avoir le sida de mon chat ?
Même si le FIV est un virus similaire à celui du sida et qu'il cause des problèmes identiques chez le chat et l'humain, cet agent est spécifique selon les espèces. Des études ont démontres que
les vétérinaires, les propriétaires de chats et les chercheurs qui ont eu beaucoup de contact avec des chats infectés, n'ont montré aucune évidence d'infection. Basé sur l'évidence, il apparaît
donc que le FIV est une maladie spécifique aux chats.
De virus méconnu et sous-estimé, le FIV est passé au premier plan des recherches expérimentales avec l'éclosion du fléau mondial de cette fin de siècle, le sida. D'un coup, nos connaissances ont
réalisé un bond prodigieux et il y a fort à parier que l'évolution des connaissances de cette maladie infectieuse féline ira de paire avec celle de l'homme...
Rose